Extrême-Orient > L'âge tendre
Ceux-ci sont livrés à eux-mêmes sur une plage bordée de palmiers élancés. Ceux-là récitent laborieusement des sutras incompréhensibles devant un bonze assoupi. D'autres pataugent malaisément dans la boue, arcboutés sur l'araire. Ailleurs, des gamins hilares jouent sur le dos d'un buffle débonnaire. Écoliers indolents, petits princes de pacotille ou chenapans facétieux – les enfants sont omniprésents à la ville ou aux champs, et marquent profondément la mémoire du voyageur.
La conscience occidentale s'offusque volontiers de situations qui ne sont pas toujours respectueuses des droits de l'enfance. C'est ici la tradition qui prévaut encore, celle de l'entre-aide familiale, du renoncement plutôt que de la méritocratie, d'une plus grande proximité aux dieux et à la nature...
Est-ce pour cela que certains regards sont aussi sévères ? Que certaines mimiques sont si sérieuses ? Lueurs de mélancolie, aveux de souffrances ? Et puis soudain l'innocence éclate, tendre, sereine ou hilare, et l'insatiable douceur de l'enfance rayonne dans toute sa générosité.