Extrême-Orient > Royaume de Lo
A l'heure où le Tibet ploie sous la domination brutale de Pékin, où ses terres sublimes et fragiles subissent le joug dévastateur d'une colonisation anachronique dénuée de scrupules environnementaux, où sa culture brillante, unique et précieuse est menacée d'une annihilation désolante, la longue chaîne de l'Himalaya procure un refuge béni, grandiose, à des communautés tibétaines qui, tôt ou naguère, ont migré en son sein protecteur, au-delà des frontières actuelles de la Chine. Ces havres de paix ont pour nom fameux Ladakh ou Bhoutan, Sikkim ou encore Lo, plus connu sous le nom du district népalais du Mustang.
Le Mustang est situé au nord de la chaîne de l'Annapurna, dans la haute vallée de la Kali Gandaki, rivière sacrée des Hindouistes, dont la gorge immense constitue la porte d'entrée. Difficultés d'accès, climat rigoureux et complications administratives ont su préserver l'intégrité de ce petit royaume, dont les rajas font allégeance aux autorités républicaines de Katmandou.
Jadis, ce territoire aride et très accidenté, desservi par un réseau de sentes étroites et plusieurs passes à plus de 3500 mètres d'altitude, lacéré par de profondes gorges, était un axe ardu mais capital du commerce entre Chine et Inde, via la Vallée de Katmandou. Y transitaient caravanes et idées, ce dont témoigne la splendeur fanée des monastères et des ermitages, ces derniers creusés dans les falaises les plus abruptes, loin des regards profanes.
Si la capitale administrative népalaise se situe à Jomsom, bourgade ordinaire coincée aux portes méridionales du royaume, la capitale historique est toujours Lo Manthang, dans le nord du royaume, proche de la frontière avec la patrie spirituelle tibétaine. C'est une cité fortifiée de quelques centaines d'habitants, dont les ruelles boueuses et les bâtisses en pisé coiffées de rangées de fagots ont conservé un cachet “médiéval” déconcertant. Entre les nombreux chörten (stupas tibétains) ou à l'ombre des grands monastères aux murs cramoisis, au pied du palais royal défraîchi ou des alignements de moulins à prière, la population va tranquillement son bonhomme de chemin, une quenouille à la main, ou une badine, conduisant de petits troupeaux de yacks ou de chevaux, en marmonnant salutations ou mantras...
« ཨོཾ་མ་ཎི་པ་དྨེ་ཧཱུྃ »