Extrême-Orient > Identités ? Portraits !
Migrations. Colonisations. Conflits. Marginalisation. Assimilation. Revendications. Telle est l'histoire chaotique, fascinante et inachevée des innombrables ethnies qui peuplent les espaces indochinois et insulindiens, juxtaposées, étagées, imbriquées en un complexe puzzle dont les pièces mouvantes génèrent bien des tensions.
Si le modèle occidental de l'État-nation a fini par s'imposer ici comme ailleurs, c'est généralement au profit des ethnies majoritaires : les Việt au Vietnam, les Bama en Birmanie, les Khmer au Cambodge – certains, tels les Thai ou les Malais, ont des situations mixtes, majoritaires ici, minoritaires ailleurs ; d'autres – l'immense majorité – sont réduits au statut de minorité ethnique, une situation souvent synonyme de sous-développement, de pauvreté, de voyeurisme touristique – ou plus avantageusement de fierté et d'insoumission, nourrissant de fait un foyer de paisible anarchie ou d'effervescente rébellion tout le long des contreforts himalayens – une région judicieusement baptisée Zomia par l'historien Willem van Schendel.
Les us et coutumes, tout comme les idiomes, varient ostensiblement d'un peuple à l'autre, leur distinction la plus évidente pour l'étranger résidant dans les costumes. L'habit s'érige ainsi en véritable passeport, dont les caractéristiques toutefois évoluent avec le temps, subissant les assauts conjugués des ersatz synthétiques made in China et du jean monochrome et global.
Au fil des rencontres se constitue une galerie de portraits, dont les traits importent moins que l'expression, l'habit que l'allure, et où l'exhaustivité ne saurait être de mise. Peu importent les statuts et les statistiques, pourvu qu'on capture l'instant, l'expression, l'humanité.